mardi 24 janvier 2012

#13

Ah Dieu... cette mère qui dit non.
Cette phrase m'a réveillé ce matin. Comme une alarme qui sonne inlassablement, indifférente à la douleur qu'elle fait subir, elle n'a cessé de répéter son grincement dans ma tête. Lourde de toute son autorité empruntée à l'autre langue. Tranchante ; lame d'un artisan circonciseur.
- Qui prête son pouvoir à l'autre, Dieu ou la mère ? Qui des deux crédite l'autre et y croit ? Qui représente l'autre ? Qui des deux est la métaphore de la métaphore ? Et si la possibilité et le pouvoir de leur être ne viennent que de cette indécision ?
- La mère, origine et fin, arché et telos, tient ses rejetons en dette. Des fils qui se tressent et s'entre-bandent tout autour de cet interdit. Autour du non. Pas étonnant qu'Ibn Khaldoun rattache cette force virile et communautaire qu'il appelle 'Açabiyyah (bandage) au désert et à sa force négatrice. La force communiante entoure ce néant et le fait ériger en une nuée de sable et de mots. Tel un poème en colonne accroché aux parois de la matrice divine : poésie virile dit-on.
- L'Arabe, en tant que langue du désert, garantit cet attachement à la mère/non de dieu par un ombilic de métaphores. Un idiome désertique liant sacrifice et esthétique de la cruauté.
- Oum, Oumma, Imam : mère, communauté, guide. L'origine et la fin en une maternité qui donne l'être (en tant que manifestation onto-theo-politique) à ces nomades errants. Leur existence tient à la bande qu'ils doivent toujours tendre afin d'écouter le son du néant. Pas de repos ni de répit, mais apocalypse à chaque instant.
- Comment déconstruire la mère ? Une mère qui n'est pas établie ? Qui n'est pas présente ? Une mère voilée derrière ses bandes de sexes circoncis, et de prières psalmodiées. Derrière son non générateur de désir ?
- « Maman va arriver.. » dit la chanson « … avec une valise remplie de cadeaux ». Voilà la promesse faite aux enfants pour les faire dormir. Un discours qui montre bien le don fondamental de la mère : le sommeil.
- (Qu'en est-il de ma mère ? Dans quelle langue l'appellerai-je, esquivant castration et culpabilité ? Comment laisser traverser en moi (tout en me faisant/défaisant) son non implacable ? Est-elle toujours la même qui répond à mes prières quand je change de langue ? Quel ton prend son non dans une autre langue ? Alors, Dieu... Qu'en est-il de ce dédoublement ?

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