vendredi 14 janvier 2011

#3

Le pied ! Une exclamation de jouissance dans la langue qui m’a occupé depuis l’institution maternelle, celle qui n’est pas ma mère. Ou celle qui est ma deuxième mère. La seconde d’une seconde.
Une tension me rapporte au pied. A cette partie du corps qui marche et écrit (Ibn ‘Arabi disait qu’on parlait avec la main et qu’on écrivait avec le pied). Tension qui se performe dans le tact avant la vue. Au-delà ou en-deçà de toute interprétation psychologique, c’est l’effet du mot qui se heurte au bloc d’une autre langue et y laisse une fêlure qui ne cesse de se propager. Un coup de pied.
Psychologiquement, mon fétichisme le plus intime qui me lie à mon sexe, (Pied, RiJL, R.J.L., RaJeL, RaJouL (homme)) par une série de traductions de sens ou de sons. Par une série de trahisons et d’incestes. De traductions incestueuses. De rapports à mes mères feintes par le biais d’autres mères. Et ce mot devient géant, un monstre, une chose, un anneau m’entourant et me déversant ses charges électriques à la vue de chaque pied (grec ou égyptien, il est intéressant d’avoir lié à des civilisations, donc sédentaires, qui sont concernées par les mains plutôt, le genre de pied).
Mais passé le stade des sentiments, des pulsions inconscientes, des refoulements et des dénégations. Reste le mot, la chose, le monstre : Le pied ! Toujours à donner ses coups à la langue. Toujours à me donner la jouissance d’écrire de réécrire et de pendre la langue à la langue. Et une langue pendue ne parle pas, elle s’écrit à coups de pied.

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