jeudi 6 janvier 2011

Prologue

Pourquoi devrais-je justifier mon nom ? Il est temps de le recracher ! Ou de le léguer à une fleur comme Narcisse fît. Et il est temps de laisser jaillir de moi toutes les voix, les spectres, les odeurs, les vibrations que mon nom avait longtemps enfermés dans sa forteresse. A vrai dire ce n’était pas une forteresse. Ce n’était même pas une demeure bâtie de mûrs et de portes. Cela était juste un seuil tracé dans le vide autour de toutes ces choses prisonnières. Une sorte de frontière invisible qui terrorisait toute action, tout mouvement, et toute existence.

Et pourtant ! Et pourtant il arrive un temps où quelque chose bouge. Quelque chose arrive à se déstabiliser, par malice ou par mégarde, bousculant tout cet ordre irréel et annonçant la catastrophe du nom propre. Et voici les anciens génies libérés ! Et voici que moi, désormais sans nom, voué à une dislocation amoureuse sans objet. Une débauche !

Maintenant, je cède mon corps et ma voix à ce qui m’arrive. A ceux qui auront le plaisir ou la peine de m’aimer sans m’appeler, sans me faire porter le poids de mon nom.

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